L’année 1907 est marquée par l’éclosion d’une véritable culture du bal populaire. Citons notamment le Bal Bullier, en haut du Boulevard Saint Michel. Le bal populaire prend progressivement une valeur sociale et sert notamment de tremplin à une mutation radicale de l’habillement. Maurice Ravel abandonne le noir et le gris pour des couleurs estimées « voyantes ». Les tissus multicolores de Sonia Delaunay – « Arlequin chasse la tristesse » dira-t-on – influencent la tendance. On abandonne la gaine et le corset. Ce n’est qu’après la Première Guerre Mondiale que Maurice Ravel fréquentera ces dancings, privilégiant le plus « intellectuel » Bœuf sur le toit.
Le 12 janvier marque la création immédiate des Histoires naturelles à la Société nationale, (salle Erard) par Jane Bathori et Maurice Ravel au piano. Le public s’indigne. Les deux musiciens bissent crânement le cycle entier…
Ravel retire des pupitres son orchestration d’Une barque sur l’océan, prévue aux Concerts Colonne le 3 février, sous la direction de Gabriel Pierné.
L’Introduction et Allegro pour harpe est créée le 22 février avec, entre autres, Philippe Gaubert à la flûte.
En mars, Maurice Ravel compose Vocalise en forme de Habanera, commande d’un professeur de chant du Conservatoire. Son père, gravement malade, lui conseille d’écrire quelque chose de « facile » pour le théâtre.
La découverte à l’Odéon – en avril ? – d’un acte de Franc Nohain, amène Maurice Ravel à composer l’Heure espagnole (Mt. 63). En juin, il concrétise Sur l’herbe (Mt. 64) pour chant et piano sur un poème « cubiste » de Paul Verlaine. Durant l’été enfin, il parachève sa Rapsodie espagnole (Mt. 65) pour 2 pianos, y insérant son Habanera de 1895.